Accessibility navigation


Le Parricide, le cinéma d’auteur et le Vigo de Salles Gomes

Nagib, L. ORCID: https://orcid.org/0000-0001-8808-9748 (2017) Le Parricide, le cinéma d’auteur et le Vigo de Salles Gomes. Archives, 109 (111). pp. 48-52.

[img] Text (Permanent publisher embargo) - Accepted Version
· Restricted to Repository staff only

356kB

It is advisable to refer to the publisher's version if you intend to cite from this work. See Guidance on citing.

Official URL: http://www.inst-jeanvigo.eu/type/archives

Abstract/Summary

« Un après-midi du début d’août, [Jean Vigo] alla acheter des lacets pour les bottines d’Almereyda » (Salles Gomes 1957 : 29-30). Cette phrase, jetée par Paulo Emilio Salles Gomes sous une forme apparemment accidentelle dans un paragraphe où elle ne se lie nullement à ce qui vient avant ou après, est pourtant une suggestion choquante que Jean Vigo aurait involontairement tué son père, Miguel Almereyda, dont l’assassin se servit de ces lacets pour l’étrangler en prison. Cette phrase fait une première apparition dans le livre Vigo dit Almereyda, de Salles Gomes, dont il ne reste de nos jours que la traduction en portugais ; et elle est reprise telle quelle par l’auteur dans le chapitre abrégé de ce livre au début de Jean Vigo, sa célèbre biographie du cinéaste. Dans ce texte, je vais focaliser sur la figure du parricide comme ingrédient voilé mais central de l’approche biographique de Salles Gomes, avec laquelle il nous fait entrevoir les contradictions inhérentes à son projet de combiner biographie, fiction et analyse d’art. Elles dérivent surtout du fait que la prémisse conservatrice de l’héritage patrilinéaire, grâce à laquelle toute l’œuvre de Vigo se change en hommage au père anarchiste absent, doit constamment faire place à la défense de l’avant-garde libertaire et antiautoritaire. En même temps, c’est grâce à ces contradictions que l’on découvre le dilemme au cœur même du cinéma d’auteur, pas encore né au moment où la biographie de Vigo est achevée en 1952, mais que Salles Gomes prévoit avec une étonnante clarté : le besoin de tuer le « cinéma de papa » et toutes les figures paternelles étouffantes, tout en cherchant des substituts du père absent, un processus démontré de manière exemplaire par l’héritier majeur de Vigo, François Truffaut, dans ses films ainsi que dans sa relation avec le père de la théorie du cinéma, André Bazin.

Item Type:Article
Refereed:Yes
Divisions:Arts, Humanities and Social Science > School of Arts and Communication Design > Film, Theatre & Television
ID Code:69542
Uncontrolled Keywords:Jean Vigo; Paulo Emilio Salles Gomes; Film Studies; French Cinema
Publisher:Institut Jean Vigo

University Staff: Request a correction | Centaur Editors: Update this record

Page navigation